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Projets de vie

Projets de vie et ontologies relationnelles

Nous travaillons avec des partenaires autochtones afin d’identifier des ontologies sur la nature de l’univers et les relations Ă  l’intĂ©rieur de celui-ci. Ceci nous permettra de clarifier quelles sont les prioritĂ©s pour « bien-vivre » et construire des projets de vie. Les projets de vie autochtones sont ancrĂ©s dans des lieux et des territoires, mais partagent toutefois une « relationalité » ontologique et des visions cosmologiques souvent qualifiĂ©es d’ « animistes ». L’identification de ces prĂ©misses ontologiques invite Ă  repenser les communautĂ©s de vie. À travers diffĂ©rentes ontologies, le terme « sociĂ©té » englobe les relations et les modes de communication entre les espĂšces, et rĂ©fute la division occidentale entre nature et culture. À travers ce thĂšme de recherche, nous chercherons Ă  comprendre comment le territoire constitue le lieu oĂč les relations humaines de rĂ©ciprocitĂ© avec les animaux, les plantes, et les diffĂ©rentes entitĂ©s gĂ©ophysiques prennent forme. Nous examinerons Ă©galement comment ces relations interagissent avec des projets de dĂ©veloppement et des juridictions initiĂ©s de l’extĂ©rieur.

Projets de vie

L’idĂ©e de « projets de vie » est, avant tout, un support conceptuel pour des visions de vie souhaitables, bien que celles-ci diffĂšrent probablement. Contrastant avec la prĂ©tention universaliste des approches dĂ©veloppementalistes, les « projets de vie » partagent une orientation premiĂšre vers la reproduction de la singularitĂ© de certains lieux. Ici, lieu est davantage qu’un emplacement; cela rĂ©fĂšre Ă  des « collectifs » ancrĂ©s dans un lieu qui s’assemblent, formant ainsi des configurations uniques et diffĂ©rentes, des entitĂ©s que les modernes associent soit Ă  la nature ou Ă  la culture. Dans ce sens, les « collectifs » peuvent aussi ĂȘtre appelĂ©s « lieux ». Ceux-ci ne sont pas des communautĂ©s (culturelles) qui vivent Ă  l’intĂ©rieur de lieux (naturels), mais plutĂŽt des assemblages hĂ©tĂ©rogĂšnes qui « prennent place » dans des emplacements spĂ©cifiques.

Ontologies relationnelles

Dans l’objectif de spĂ©cifier davantage les concepts de « projets de vie » et « collectifs/lieux » nous suggĂ©rons d’utiliser le concept « d’ontologies relationnelles ».  Bien que toutes les formes d’ĂȘtres sont indiscutablement relationnelles, les ontologies relationnelles placent la dichotomie parentĂ©/« relationnalité » comme une perception, une valeur et une expĂ©rience essentielle et incarnĂ©e. En pratique, les ontologies relationnelles prennent la forme d’interactions et d’échanges quotidiens, expĂ©rientiels, dialogiques et de savoirs entre plusieurs agents des « collectifs/lieux », humains et non-humains. Les ontologies relationnelles considĂšrent la volontĂ© et la capacitĂ© d’agir des autres non-humains comme Ă©tant des rĂ©alitĂ©s de la vie. Dans une ontologie relationnelle, le monde n’est pas « donné » ou prĂ©visible; le monde se dĂ©ploie perpĂ©tuellement, alors que les dĂ©nouements des multiples relations demeurent incertains. Un autre concept associĂ© est celui d’une « ontologie de co-devenir » qui voit tout comme Ă©tant porteur de savoir, vital et interconnectĂ© (Bawaka country et al. 2014). Les projets de vie autochtones sont rĂ©ceptifs Ă  et incluent les prĂ©sences, les voix et les affects non-humains.

Questions de recherche

Définie ainsi, la recherche sur les projets de vie nécessite en premier lieu de comprendre quels sont les collectifs spécifiques qui sont concernés dans certaines confrontations avec le développement.

  • Quels sont les configurations de ces collectifs? Quelles entitĂ©s les composent?
  • Comment les relations, les responsabilitĂ©s et les affects (en bref, la relationalitĂ©) qui relie ensemble ces entitĂ©s opĂšrent-ils?
  • Comment donner voix aux non-humains? Les mĂ©thodes propres Ă  la recherche relationnelle devraient aider Ă  mettre en Ă©vidence le dĂ©centrement de la voix et de l’autoritĂ© humaine. Certains suggĂšrent une mĂ©thodologie basĂ©e sur les Ă©thiques relationnelles de soins (Bawaka country et al., 2014).

Une fois ces collectifs particuliers bien compris, nous pouvons alors poser la question suivante :

  • Quelles pratiques sont considĂ©rĂ©es comme fondamentales au soutient et Ă  la promotion du « projet de vie » de ce lieu/collectif?
  • Y a-t-ils des consensus relatifs Ă  propos de certaines pratiques qui seraient dĂ©finitivement requises?

D’un point de vue mĂ©thodologique, nous devons ĂȘtre capable de cerner certaines de ces pratiques pour les suivre et voir oĂč, comment et en quoi rĂ©sultent leurs rencontres avec d’autres pratiques (comme celles du dĂ©veloppement, de la conservation faite par l’État, etc.). Nous ne savons pas nĂ©cessairement ce qui peut Ă©maner de ces rencontres. Dans certains cas, les pratiques centrales Ă  des projets de vie particuliers peuvent ĂȘtre interrompues par le dĂ©veloppement, dans d’autres cas elles pourront fonctionner en parallĂšle sans interfĂ©rence, alors que dans d’autres cas elles peuvent s’alimenter mutuellement. Dans tous ces cas, la notion « d’enchevĂȘtrement » (ou de mondes « enchevĂȘtrĂ©s ») peut nĂ©cessiter d’interroger dans les dimensions dialectiques et dialogiques des rencontres et de la co-existence entre les mondes autochtones et non-autochtones, ainsi que leurs ontologies, acteurs et les pratiques de ces derniers. Quoi que ce soit qui se retrouve enchevĂȘtrĂ© dans un collectif/lieu donnĂ© ne peut en ĂȘtre aisĂ©ment libĂ©rĂ©. Chaque trame/entitĂ©/agent/monde engagĂ© dans l’enchevĂȘtrement conserve sa diffĂ©rence, sa perspective, son autonomie relative, et sa potentialitĂ©, alors que les interactions temporelles et spatiales avec les autres composantes (humaines et non-humaines) provoquent des transformations Ă  chacune d’elles; il s’agit d’un processus incarnĂ© qui s’effectue en continuitĂ©. Le concept d’enchevĂȘtrement ne suggĂšre Ă©galement aucune cohĂ©rence ni ordre, ni aucune direction donnĂ©e, catĂ©gories fixes ou frontiĂšres, laissant plutĂŽt place aux principes d’incertitude et d’imprĂ©visibilitĂ©.

Dans la poursuite de cette recherche, les chercheurs associés avec cet axe de recherche sont préoccupés par deux questions fondamentales.

  1. En premier lieu : Comment pouvons-nous faire une enquĂȘte systĂ©matique afin de rĂ©vĂ©ler Ă  quels niveaux les arrangements actuels des territoires visĂ©s (incluant les cadres lĂ©gaux, les diffĂ©rentes usages des Ă©lĂ©ments du territoire, etc.) amĂ©liorent et/ou interrompent les projets de vie particuliers? La question qui suit nĂ©cessairement est celle-ci :
  2. Comment allons-nous positionner nos différentes recherches vis-à-vis les différents (et possiblement conflictuels) agendas qui existent dans les communautés?

Responsables du thĂšme: Mario Blaser, Eduardo Kohn, Sylvie Poirier

Contributeurs du thĂšme

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Jon Altman
David George Anderson
Caroline Archambault
Peter Brown
SĂ©bastien Caquard
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John G. Galaty
Ingrid Hall
Martin HĂ©bert
Timothy Ingold
Carole LĂ©vesque
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Charles Menzies
GĂŒnther Schlee
Colin H. Scott
Daviken Studnicki-Gizbert
Brian Thom
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Dale Turner
Gro Ween
George Wenzel
Robert Wishart
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