Discours d’ouverture par Stan Stevens (Université du Massachusetts) – Conférence CICADA – 23 octobre 2015
Repenser les aires protégées: possibilités pour les peuples autochtones et la recherche en appui, la sensibilisation et la militance
Au cours des vingt dernières années, de nouvelles politiques internationales sur la conservation ont été adoptées et mises de l’avant. Celles-ci rejettent les principes des aires protégées basées sur l’exclusion et le « paradigme de la protection » – une forteresse de la conservation – et vont bien au-delà de la gestion communautaire des ressources naturelles et des projets intégrés de conservation et de développement des années 1980 et 1990.
La mise en œuvre de nouvelles normes de conservation fondées sur les droits et la gestion des aires protégées par et avec les peuples autochtones nécessiteront sans doute une réforme de la gouvernance et de la gestion d’un grand nombre des maintenant plus de 200 000 aires protégées à travers le monde, la plupart établies sur les territoires des peuples autochtones et des communautés locales. De plus, ces politiques feront la promotion de formes d’aires protégées ancrées dans l’affirmation continuelle des peuples autochtones de leurs valeurs et de la garde de leurs territoires. Ce faisant, ce «nouveau paradigme» relatif aux aires protégées pourrait créer des possibilités pour les peuples autochtones d’obtenir de la reconnaissance, du respect et du soutien, non seulement pour leurs réalisations en matière de conservation, mais aussi pour le fait d’assurer la sécurité, la réappropriation et la défense des territoires et pour le maintien de leur auto-gouvernance, de leurs identités et de leurs moyens de subsistance.
Il y a désormais de nombreux exemples dans plusieurs régions du monde d’aires protégées régies par les peuples autochtones (aires protégées autochtones ou APACs – Aires Protégées et Territoires des Peuples autochtones et des Communautés locales), ainsi que des aires protégées fondées sur une gouvernance partagée (ou, minimalement, sur une cogestion). Bien qu’un écart demeure entre la politique et la pratique, des efforts sont en cours pour améliorer la mise en œuvre de ces nouvelles formes d’aires de conservation. Il devrait y avoir de plus en plus d’occasions pour les peuples autochtones d’obtenir réparation pour les injustices passées et en cours liées aux aires protégées et d’utiliser les aires protégées et les autres types d’aires de conservation pour faire des avancées quant à leurs aspirations, leurs plans de la vie et la reconnaissance de leurs droits. Cela aura des implications pour la recherche, la sensibilisation et la militance.