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Nahua

Nahua (maseualmej)

Sierra Nororiental de Puebla (Mexique)

 

 

Cérémonie d'assermentation des nouveaux cadres de l'Unión de Cooperativas Tosepan (2019)
CĂ©rĂ©monie d’assermentation des nouveaux cadres de l’UniĂłn de Cooperativas Tosepan (2019).

Les paysans nahuas qui habitent la basse montagne (500 Ă  1200 mĂštres d’altitude) connaissent une intĂ©gration pĂ©riphĂ©rique au capitalisme mexicain et international Ă  travers la production de cafĂ©, en mĂȘme temps qu’ils poursuivent la culture traditionnelle du maĂŻs et d’autres denrĂ©es Ă  des fins de subsistance. Ils ont pu conserver une bonne partie de leur patrimoine foncier, sous forme de petites propriĂ©tĂ©s qui sont allĂ©es se subdivisant avec l’accroissement dĂ©mographique. L’adoption d’une agriculture de plantation leur a permis de faire face Ă  la pression accrue sur la terre, mais elle les a placĂ©s en mĂȘme temps sous la dĂ©pendance des intermĂ©diaires commerciaux hispanophones des chefs-lieux (cabeceras) qui commercialisaient le cafĂ© et leur fournissaient des biens de subsistance. En mĂȘme temps, le contrĂŽle de l’appareil politique rĂ©gional par les caciques assurait le maintien de leur domination Ă©conomique et politique. On peut dire que, jusque dans les annĂ©es 1970, l’identitĂ© autochtone, vu la discrimination sĂ©culaire, Ă©tait globalement vĂ©cue comme un stigmate.

La naissance d’une organisation autochtone

Au milieu des annĂ©es 1970, avec l’appui de jeunes professionnels d’origine urbaine, est nĂ©e dans la rĂ©gion de Cuetzalan, en pays nahua, une organisation qui prendra le nom de Tosepan Titataniske (« Ensemble nous vaincrons »). Dans un premier temps, les agriculteurs se sont regroupĂ©s en coopĂ©ratives, dans le but d’obtenir de meilleurs prix pour leurs produits et un approvisionnement en denrĂ©es de base Ă  bon compte. En quelques annĂ©es, la coopĂ©rative rĂ©gionale est devenue un acteur Ă©conomique et politique de premier plan dans la rĂ©gion, court-circuitant le contrĂŽle sĂ©culaire des hispanophones. Elle a diversifiĂ© ses activitĂ©s pour inclure une coopĂ©rative d’épargne et de crĂ©dit, des sociĂ©tĂ©s d’artisanes et d’apicultrices, une coopĂ©rative d’habitations, un hĂŽtel de tourisme alternatif, une Ă©cole et une coopĂ©rative de santĂ© (Tosepan Pajti). L’UniĂłn de Cooperativas Tosepan compte actuellement plus de trente mille membres et est prĂ©sente tant chez les Nahuas que chez les Totonaques et les mĂ©tis. Elle participe au mouvement rĂ©gional de dĂ©fense du territoire contre les mĂ©ga-projets miniers et hydroĂ©lectriques. D’autres organisations ont vu le jour dans la rĂ©gion de Cuetzalan, comme le Taller de Tradicion Oral del CEPEC, dans le village de San Miguel Tzinacapan, et la coopĂ©rative des femmes Maseualsiuamej Mosenyolchiuanij. La pandĂ©mie de COVID-19 a portĂ© un coup important aux activitĂ©s Ă©conomiques des organisations, dont l’Union de Cooperativas Tosepan, mais celle-ci montre qu’elle peut surmonter ces obstacles comme tant d’autres par le passĂ©.

Collaboration avec la Tosepan Pajti

Tosepan Pajti logo
Depuis les annĂ©es 1980, oĂč Pierre Beaucage est retournĂ© dans la Sierra sur une base annuelle, sa collaboration avec l’UniĂłn de Cooperativas Tosepan a pris diffĂ©rentes formes : formation Ă©conomique et politique des cadres et des membres, rĂ©daction de rapports d’évaluation, enseignement Ă  l’école alternative et recherche collaborative. À l’automne 2020, CICADA a mis Ă  la disposition de ses partenaires des fonds pour rĂ©aliser des recherches en collaboration avec des membres universitaires. Organiser une recherche collaborative dans le contexte de la pandĂ©mie constitue un dĂ©fi, vu l’impossibilitĂ© des dĂ©placements. En 2015, Pierre Beaucage avait commencĂ© avec les membres fĂ©minins de Tosepan Pajti, la coopĂ©rative de santĂ©, une recherche concernant la dĂ©finition de la maladie et des soins, plus particuliĂšrement en ce qui touche les femmes et les enfants. Les promotoras de salud (agentes de santĂ©) de la coopĂ©rative sont constamment confrontĂ©es au dĂ©calage entre la dĂ©finition occidentale de la santĂ© et de la maladie et les conceptions autochtones. AprĂšs des dĂ©buts prometteurs, le projet fut abandonnĂ©, faute de financement. Des contacts furent faits et un protocole de recherche a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©, qui couvre la pĂ©riode de fĂ©vrier Ă  mai 2021. Le produit en sera double : un rapport Ă©crit, formĂ© Ă  parti des 48 entrevues que rĂ©aliseront les membres de Tosepan Pajti, et un sĂ©rie de rencontres au cours desquelles elles prĂ©senteront aux membres de l’UniĂłn de Cooperativas Tosepan les rĂ©sultats pratiques de leur recherche. Le suivi de la recherche sera assurĂ© par des rencontres en ligne.

Centre Pour la Conservation et le DĂ©veloppement Autochtones Alternatifs