Cartographie communautaire
Les représentations cartographiques
Alors quâhistoriquement, les cartes ont Ă©tĂ© utilisĂ©es par les Ă©tats-nations en premier lieu pour confirmer les droits territoriaux et renforcer leurs pouvoirs sur les communautĂ©s autochtones et autres, il existe maintenant une multitude dâexemples dans lesquels les groupes autochtones de diffĂ©rentes parties du monde ont investis la cartographie comme mode de rĂ©appropriation de leurs souverainetĂ©s territoriales, regagnant ainsi leurs dignitĂ©s par lâentremise de conflits avec les gouvernements et les institutions. Cet effort dâusage des reprĂ©sentations cartographiques et des diverses mĂ©thodologies y Ă©tant associĂ©es pour dĂ©fendre et se rĂ©approprier les territoires est devenu une partie un mouvement de contestation cartographique.
Le dĂ©fi dans ce qui suit est de situer adĂ©quatement les problĂ©matiques pratiques dâimplĂ©mentation sociale et politique des initiatives significatives qui reconnaissent et rĂ©pondent Ă la critique soumettant que ces pratiques de reprĂ©sentations rĂ©duisent et essentialisent de maniĂšre Ă©lĂ©gante les relations ontologiques autochtones.
Les projets autochtones contemporains de cartographie des membres chercheurs de ce thĂšme de recherche impliquent le dĂ©veloppement dâapproches et dâoutils pour visualiser et communiquer efficacement les connaissances et les expĂ©riences autochtones du territoire pour le transfert intergĂ©nĂ©rationnel du savoir, lâĂ©ducation publique, les affirmations autochtones lĂ©gales, et les consultations sur la gestion des ressources territoriales.
Les membres de CICADA ont dĂ©veloppĂ©s des outils dans une variĂ©tĂ© de rĂ©gions gĂ©ographiques et de disciplines, et les interactions transdisciplinaires entre universitaires et partenaires autochtones mĂšneront Ă la poursuite de nouvelles avenues. IntĂ©grer des nouvelles techniques de cartographie et de gĂ©olocalisation dans les projets de cartographie autochtones et le dĂ©veloppement et lâusage des analyses dĂ©rivĂ©es sont dâautres opportunitĂ©s que nous souhaitons explorer.
Le dilemme de la cartographie
Bien que ces techniques et pratiques prĂ©sentent un Ă©ventail dâopportunitĂ©s pour les communautĂ©s autochtones, les membres de ce thĂšme de recherche sont conscients des transformations des perspectives autochtones Ă la relation Ă lâespace que ces cartes visuelles hautes technologies nĂ©cessitent. Le savoir traditionnel pouvant devenir dĂ©shumanisĂ© Ă travers le processus de codage numĂ©rique. Ce faisant, la cartographie numĂ©rique risque de renforcer la subordination des espaces et visions du monde autochtones aux technologies et perspectives occidentales au travers de ces transformations.
Dâun autre cĂŽtĂ©, il existe plusieurs exemples qui dĂ©montrent que les groupes autochtones sâaccaparent les avantages des technologies de gĂ©olocalisation pour poser leurs rĂ©clamations politiques. Dans ce qui peut ĂȘtre vu comme une Ă©volution face aux pratiques cartographiques participatives prĂ©cĂ©dentes, plusieurs de ces projets explorent les possibilitĂ©s de combiner le savoir spatial autochtone et scientifique pour dĂ©velopper des formes hybrides de reprĂ©sentations spatiales qui reconnaissent et respectent la singularitĂ© et lâimportance des expressions spatiales autochtones.
Cartographier peut Ă la fois ĂȘtre une maniĂšre de prise de pouvoir et un outil de contrĂŽle selon le cĂŽtĂ© de la carte oĂč vous ĂȘtes; dĂ©pendant si vous ĂȘtes celui qui cartographie ou celui qui est cartographiĂ©.
Ces formes dâexpressions hybrides de cartographie ne renversent pas les relations sociales de colonisation mais plutĂŽt les retravaillent et aident Ă dĂ©velopper un nouvel espace de comprĂ©hension mutuelle, dans la mesure oĂč lâĂ©quilibre entre la science occidentale et le savoir autochtone est respectĂ©. La transformation du savoir autochtone et des expressions du rapport au territoire Ă lâintĂ©rieur de la cartographie matĂ©rielle demeure une problĂ©matique complexe. Un des dĂ©fis auquel les communautĂ©s seront confrontĂ©es sera de sâassurer que les applications cartographiques serviront vĂ©ritablement leurs besoins et quâelles pourront sâadapter Ă lâaspect singulier de la connaissance du territoire plutĂŽt que de forcer celle-ci Ă adapter aux outils disponibles. Nous devons travailler en Ă©troite collaboration avec les communautĂ©s pour dĂ©velopper des mĂ©thodes pratiques, accessibles et thĂ©oriquement informĂ©es pour conduire des analyses cartographiques reprĂ©sentant les perspectives autochtones sur la tenure fonciĂšre, le territoire, lâutilisation et lâoccupation, et les sites et paysages signifiants.
Questions de recherche
Les questions auxquelles s’intĂ©ressent les chercheurs et chercheuses de ce thĂšme sont les suivantes :
- Comment les communautĂ©s et les partenaires du CICADA peuvent-ils travailler ensemble pour s’assurer que les activitĂ©s et les outils de cartographie participative, collaborative et de contre-cartographie sont conçus pour rĂ©pondre aux besoins actuels et futurs des communautĂ©s?
- Que pouvons-nous apprendre des expériences cartographiques précédentes des partenaires et des communautés du CICADA?
- Existe-t-il un cadre commun pour reprĂ©senter cartographiquement les projets de vie des Peuples autochtones Ă l’Ă©chelle continentale ou mondiale qui ne risque pas de rĂ©duire ces visions Ă des catĂ©gories finies qui sapent les territoires, la gouvernance et les droits des Peuples autochtones au lieu de les cĂ©lĂ©brer?
Responsables du thĂšme: SĂ©bastien Caquard, Nicole Fenton, Brian Thom
Contributeurs du thĂšme
Benoit Ăthier
Murray Humphries
Jochen Jaeger
Colin H. Scott
Daviken Studnicki-Gizbert