Gouvernance de la conservation environnementale
Notre recherche porte sur le thème élargi de de la gouvernance de la conservation — des approches paternalistes et centralisées de l’État jusqu’aux alternatives développées localement par les communautés. Nos recherches, particulièrement en ce a trait aux formes participatives de conservation, coïncident inévitablement avec les intérêts et préoccupations des autres axes de recherche.
Concepts principaux
Ce thème de recherche s’appuie sur plusieurs domaines conceptuels et théories liés à la conservation et la protection environnementale effectuées par les communautés :
La gouvernance environnementale
La contribution des approches participatives, particulièrement celles impliquant les communautés locales, est admise depuis des décennies et inclut une reconnaissance du savoir et des connaissances des utilisateurs de ressources ainsi que les limites inhérentes aux approches distantes et centralisés de l’État. Ce tournant est aussi cohérent avec le principe de subsidiarité endossé par le néo-libéralisme et qui défend l’idée que les décisions politiques devraient être prises à l’échelle locale, si possible, plutôt que par une autorité centrale.
Conservation/Idées de la nature/faune/contrôle et possession
Les idées euro-centriques de la nature (et de la conservation) sont profondément ancrées dans les histoires coloniales, particulièrement là où les aires protégées et les parcs étaient associés à l’expansion impériale de l’État. Plusieurs histoires étaient (et sont toujours) présentées comme des efforts progressistes de l’État pour préserver le territoire à travers la création de sanctuaires pour la faune et d‘aires de conservation, avec peu d’égard pour la violence, l’injustice et l’anéantissement culturel infligés aux habitants autochtones de ces régions.
L’intendance environnementale/responsabilité/respect
Pour plusieurs sociétés autochtones les conceptions de la « conservation » sont liées au maintien de relations respectueuses entre le monde des humains et celui des non-humains. Ces liens sont fondés sur l’entretient de relations respectueuses de réciprocité ou de durabilité relationnelle (Langdon, 2007) plutôt que sur des notions de contrôle et de possession. Des conceptions différentes des relations appropriées entre les humains et le monde naturel peuvent mener à des approches conflictuelles quant à la conservation et à la gestion environnementale (Rutherford, 2009).
L’autodétermination autochtone et la reconnaissance légale des droits des peuples autochtones
Les peuples autochtones se sont longtemps vu refuser le droit de décider de leur propre destinée. La Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples Autochtones reconnait le droit à l’autodétermination (article 3). En conséquence de ce droit, les peuples autochtones peuvent déterminer et développer les priorités et stratégies pour leur développement ou l’utilisation de leur territoire et autres ressources (article 32) ainsi que pour la conservation de leur environnement (articles 24 et 29). Les stratégies de conservation autochtones sont ancrées dans le concept et le droit à l’autodétermination et, en ce sens, seront centrales pour l’analyse qui sera faite à l’intérieur de ce thème. Un des plus grands défis pour les communautés qui gèrent leurs terres et mers traditionnelles est de s’assurer que leur occupation du territoire et leur gouvernance des ressources naturelles soient reconnues par les autorités locales et nationales. Il est donc crucial d’évaluer à travers nos recherches les instruments légaux nationaux/internationaux qui reconnaissent aux peuples autochtones un statut spécifique de possesseurs des droits de conservation de la biodiversité, et qui adressent adéquatement les paysages culturels et spirituels des peuples et communautés autochtones renforçant alors le rôles des aires conservées par des populations autochtones et des communautés.
La conservation axée sur la communauté
Les décisions de gestion et les pratiques des communautés mènent souvent à la conservation des habitats, des espèces, de la diversité génétique, des fonctions/bénéfices écologiques et des valeurs culturelles associées, même lorsque l’objectif assumé de gestion n’est pas seulement celui de conservation ou la conservation en soi. Par exemple, les objectifs sont peut-être ceux du « bien vivre » communautaire, de la sécurité, du maintien de lieux culturels et spirituels, et du bien-être. En tant qu’approche alternative aux approches conventionnelles de conservation où les habitants locaux sont relocalisés à l’extérieur des frontières des parcs, la conservation axée sur la communauté encourage l’intendance locale et améliore la participation et les capacités locales tout en intégrant les priorités culturelles, spirituelles, sociales et environnementales.
Savoir Traditionnel/Autochtone
La reconnaissance de l’importance de différents systèmes de savoirs, particulièrement le savoir traditionnel et le savoir autochtone, est liée aux complexités et interconnexions de la nature, et à la reconnaissance de la non-linéarité et de l’incertitude des systèmes écologiques. L’attention jadis portée aux définitions et aux différences entre le savoir traditionnel et les perspectives Occidentales a cédé sa place à la recherche des complémentarités entre les deux, à la multiplicité des formes de savoirs, et au développement du savoir (plutôt qu’un accent mis sur le savoir en lui-même) (Berkes 2007, 2008).
Questions de recherche
Les questions de recherche suivantes sont liées à ce thème :
- Quel est l’impact des initiatives de conservation de gouvernance publique et privée sur les communautés autochtones?
- Dans quelle mesure les programmes de conservation conçus de l’extérieur ont-ils été imposés, résistés, contestés et/ou reformulés et appropriés dans des formes de protection de l’environnement significatives au niveau local par les Peuples autochtones?
- Quelles zones devraient être ciblées pour quel type de protection?
Ce thème s’intéresse également à d’autres questions pertinentes, notamment :
- Comment des modèles et des expériences plus récents et émergents de conservation communautaire peuvent-ils soutenir et améliorer les projets de vie autochtones d’une manière compatible avec leurs ontologies et leurs conceptions du « bien vivre »?
- Comment ces modèles peuvent-ils renforcer leurs institutions et leur autorité sur leurs territoires terrestres et maritimes traditionnels? Dans quelle mesure ces approches communautaires peuvent-elles offrir une protection contre les projets de développement à grande échelle qui menacent la santé et la productivité écologiques de ces aires?
- Quels sont les opportunités, les coûts et les compromis potentiels liés à l’adoption de ces alternatives communautaires? Dans quelle mesure peuvent-elles s’appuyer sur les institutions autochtones de gestion de l’environnement, les renforcer et être compatibles avec elles? Quels défis internes et externes les communautés peuvent-elles rencontrer lorsqu’elles gouvernent et gèrent ces aires?
- Et enfin, comment les valeurs culturelles et spirituelles s’inscrivent-elles dans les notions globales de « conservation » et de « protection de la biodiversité »? Comment les stratégies de conservation communautaires autochtones peuvent-elles contribuer aux stratégies mondiales de conservation de la biodiversité? Comment peuvent-elles également contribuer à identifier des alternatives aux modèles de développement dominants qui constituent une menace pour l’environnement?
Responsables du thème : José Aylwin, Monica Mulrennan
Contributeurs du thème
Elena Bennett
Mario Blaser
Peter Brown
Sébastien Caquard
Ciaran O’Faircheallaigh
Philip Dearden
Sabrina Doyon
Jackson Efitre
ames Ford
Ingrid Hall
Andrew Hendry
Gordon Hickey
Murray Humphries
Martin Hébert
Timothy Allan Johns
Carole Lévesque
Charles Menzies
Catherine Potvin
François Roch
Thierry Rodon
Colin H. Scott
Daviken Studnicki-Gizbert
Brian Thom
Dale Turner
Ismael Vaccaro
David Western
Robert Wishart