« La Constitution reconnaît les conventions internationales, la loi de mère nature… mais ce n’est que sur papier, ce n’est pas respecté, ce n’est pas appliqué. Ils décatégorisent les aires protégées afin de permettre l’extraction, et ce sont des territoires ancestraux! L’État est une marionnette manipulée par des sociétés transnationales » – Perspective de la Bolivie
« Même si il y a des avancées constitutionnelles, les lois qui en découlent sont inconstitutionnelles et elles violent les droits des peuples autochtones reconnus dans la Constitution. » – Perspective du Mexique
« Il est nécessaire de soutenir le droit à l’autonomie gouvernementale et le droit autochtone. Sans cela, la Convention 169 ou la DNUDPA ne servent à rien – c’est à double tranchant. » – Perspective de la Colombie
Ce thème se centre sur des sujets qui recoupent tous les thèmes et les programmes de travail du Centre sur la conservation et le développement autochtones alternatifs (CICADA):
- Droits des Peuples autochtones : des droits fondamentaux inscrits dans des cadres internationaux des droits de la personne, reconnus nationalement par la loi de l’État et définis dans la jurisprudence nationale et internationale;
- Droit autochtone : l’élaboration autonome de règles autochtones qui sous-tendent l’autonomie gouvernementale; et
- Interlégalités : à savoir la rencontre entre le droit autochtone et les autres systèmes juridiques.
Les systèmes de droit autochtone, les droits des Peuples autochtones et les interlégalités opèrent dans un contexte d’économies extractivistes qui impliquent un éventail d’acteurs ayant des objectifs différents et des modèles de développement qui se heurtent souvent à ceux des peuples autochtones. Les Peuples autochtones qui revendiquent leurs droits et leur loi peuvent faire face à une opposition violente. Dans certaines régions, cet enchevêtrement implique également des acteurs armés illégaux qui ont des effets dramatiques sur l’autonomie et la survie quotidienne des peuples autochtones. Les actions en justice ne sont alors qu’une option parmi un ensemble d’approches; malgré des victoires considérables devant les tribunaux, la bataille pour les mettre en œuvre en faveur de la protection territoriale se poursuit.
Lors de l’atelier des Amériques 2018, des collaborateurs autochtones au sein du réseau du CICADA ont articulé plusieurs préoccupations principales pour ce thème, y compris les incohérences entre les cadres nationaux et le droit international; l’application, ou le décalage entre le droit existant et le droit en pratique; et les moyens de protection incomplets des droits territoriaux des Peuples autochtones et du droit autonome. Malgré un recours croissant au droit, comme beaucoup le disent, par le recours aux tribunaux et à des actions en justice, les participants ont souligné que ceux-ci produisaient souvent des résultats limités et que d’autres stratégies complémentaires étaient nécessaires et pouvaient être beaucoup plus efficaces, notamment le renforcement de l’autonomie, descendre dans la rue pour protester, participer à des recherches communautaires ou créer des réseaux entre les peuples autochtones aux niveaux national et international, ainsi qu’avec des universitaires.
Le réseau du CICADA encourage la recherche non seulement pour responsabiliser les États et les acteurs extérieurs, tels que les entreprises, dans la défense des droits des Peuples autochtones et du droit autochtone, mais également en tant que ressource inestimable pour les collaborateurs autochtones afin de renforcer leur propre analyse et leurs actions en faveur de l’autonomie et de l’autodétermination.