Emberá Département du Chocó, Colombie et est du Panama
Emberá du Panama
Catherine Potvin et Juvenal Quiroz, président du Congrès Emberá de Alto Bayano au Panama (Source : Lisa Lutz, http://biology.mcgill.ca/faculty/potvin/).
L’ethnobotanique est un domaine de recherche dans lequel les Emberá du Panama sont engagés. Ils se sont associés avec la biologiste et collaboratrice du CICADA Catherine Potvin sur les connaissances locales emberá concernant les ressources végétales. Potvin explique que combiner les connaissances locales avec la recherche ethnobotanique est important pour déterminer les priorités de conservation et initier des actions de conservation.
Catherine Potvin Professeure de biologie Université McGill
« L’ethnobotanique, en se concentrant sur la connaissance, l’utilisation et la gestion des plantes par les peuples, peut fournir une compréhension de la nature des problèmes de gestion et du potentiel de conservation sur les territoires locaux. »
Le Resguardo Indígena Cañamomo Lomaprieta est l’une des six réserves (resguardo) autochtones légalement reconnues dans le département de Caldas en Colombie. Le Resguardo est constitué de 32 communautés Emberá-Chamí réparties entre les municipalités de Riosucio et Supía. Le territoire abrite une population croissante d’environ 25 000 personnes sur une superficie d’environ 38 km2, ce qui rend l’endroit de plus en plus encombré. Le Resguardo est un partenaire du CICADA à travers le Forest Peoples Programme (FPP), qui a étroitement collaboré avec les dirigeants du Resguardo contre les projets miniers intrusifs à grande échelle dans la région.
Hector Jaime Vinasco, ex-gouverneur de Cañamomo Lomaprieta, a déclaré à la réunion du CICADA en 2016 :
Hector Jaime Vinasco parle dans une vidéo officielle du RICL. Source : https://www.youtube.com/watch?v=I7kul879v3U
« [Le Resguardo] a été assez réduit, fractionné, et contraint à travers les différents événements historiques […] par des hommes d’affaires de la terre, par des mercenaires de la terre qui d’une façon ou d’une autre ont utilisé leurs relations avec les notaires, avec les officiers d’état civil, avec les hommes d’état pour fractionner de plus en plus le Resguardo, et aujourd’hui nous sommes confrontés à une douloureuse réalité de discussion avec l’État sur les titres coloniaux et les titres de notre Resguardo. »
Le gouvernement colombien a approuvé et promu un certain nombre de grands projets miniers principalement aurifères dans la région, au détriment des pratiques minières ancestrales à petite échelle, considérées comme illégales. L’ensemble du territoire de Cañamomo Lomaprieta est pratiquement couvert de titres miniers émis par le gouvernement, principalement pour des multinationales canadiennes. Ainsi, comme le souligne Hector Jaime Vinasco, bien que la Colombie représente un exemple d’espoir pour la protection autochtone sur papier de par sa reconnaissance officielle des droits autochtones ainsi que les décisions progressistes de la Cour constitutionnelle, la réalité est beaucoup plus difficile. « Étant donné que [le gouvernement] sait qu’il n’a pas à se conformer, il n’a pas de problème à signer », déclare Vinasco en soulignant les 1 202 accords que le gouvernement n’a pas respectés envers les communautés autochtones du pays.
Membres du Resguardo Indígena Cañamomo Lomaprieta. Source : http://www.landrightsnow.org/en/news/2017/02/10/landmark-decision-indigenous-peoples-colombia-and-globally/
Dû à cette problématique, Vinasco a lutté sans relâche pour la protection de ses terres contre l’extraction illégale de ressources et vers l’accomplissement du Plan de vie du Resguardo. Pour ses efforts et ceux de nombreux autres habitants engagés du Resguardo, les menaces de violence sont monnaie courante.
Viviane Weitzner, conseillère en politiques au Forest Peoples Programme, s’est engagée avec le Resguardo Indígena Cañamomo Lomaprieta en grande partie à travers le projet inter-ethnique Joining forces, weaving strategies, soutenu par l’ambassade de Norvège et le Royaume des Pays-Bas. Ce projet réunit les membres du Resguardo avec des membres afro-colombiens de Palenke Alto Cauca, représentés à l’échelle nationale par le Proceso de Comunidades Negras, avec l’objectif commun suivant :
« L’objectif principal du projet était de renforcer l’auto-gouvernance, la défense territoriale et l’autonomie en se concentrant sur l’appropriation et la mise en œuvre du droit à la consultation et au consentement libre, préalable et éclairé dans toutes les décisions affectant les territoires ancestraux de Palenke et du Resguardo, spécifiquement en ce qui concerne l’exploitation minière. »
Grâce au soutien international et à une organisation renforcée, le Resguardo a travaillé au niveau institutionnel pour légitimer et s’approprier ses pratiques minières artisanales, en créant des standards officiels de sécurité, en déclarant le territoire du Resguardo une zone interdite pour les projets miniers à moyenne et grande échelles, et en établissant un protocole officiel du Resguardo sur la consultation publique et le consentement libre, préalable et éclairé. À partir de 2017, la Cour constitutionnelle colombienne a reconnu les droits des Emberá-Chamí du Resguardo, ainsi que leur droit aux activités minières ancestrales, ordonnant la suspension d’un certain nombre de projets miniers à grande échelle.