Confluence autochtone: le rôle des savoirs autochtones en matière de restauration des cours d’eau et d’avenir durable
Au cours des deux dernières décennies, les communautés autochtones se sont vues investies de plus de pouvoir et elles jouent souvent un rôle important dans la négociation d’accords complexes de co-gestion. La restauration des cours d’eau implique plusieurs juridictions et soulève des enjeux relatifs à la propriété foncière. Pour les autochtones, le fait de posséder une voix politique forte leur a permis de revaloriser de façon concomitante les savoirs et les valeurs culturelles autochtones. Dans de tels contextes de restauration, l’autonomisation autochtone permet de réunir la science occidentale et les approches fondées sur les savoirs autochtones, ce qui ouvre la porte à l’innovation interculturelle au niveau des savoirs et l’apprentissage social, en plus d’offrir de nouvelles possibilités au concept de durabilité. Le projet “Confluence autochtone: Le rôle des savoirs autochtones en matière de restauration des cours d’eau et d’avenir durable” met l’accent sur les savoirs autochtones et sa relation avec les moyens de penser le monde de la science occidentale. Les chercheurs au sein de ce projet se posent la question, « Comment le fait de privilégier les savoirs et les valeurs autochtones influence-t-il les objectifs et les résultats des projets de restauration écologique impliquant plusieurs partis? »
Ce projet se déroule en partenariat avec trois communautés, nommément la Bande Grand Traverse d’Ottawa et les Chippewa aux États-Unis, la Première nation de Walpole Island dans le sud-ouest de l’Ontario, au Canada, et les Waikato-Tainui, une Iwi (tribu) de l’île du Nord d’Aotearoa en Nouvelle-Zélande. Ces communautés sont toutes trois engagées dans des projets complexes de restauration des rivières. Le projet de recherche “Confluences autochtones” étudiera comment le fait de prioriser les valeurs et les savoirs autochtones dans les partenariats de restauration influence les résultats de ces projets, autant en termes de procédure (effet sur les structures coopératives ou la dynamique d’équipe), de résultats socio-culturels (effet sur la subsistance et le bien-être de la communauté), de résultats politiques (effet sur la dynamique des pouvoirs régionaux) que de résultats écologiques (effet sur les écosystèmes riverains et les biotes associés). De plus, le projet envisage comment les valeurs et les savoirs autochtones influent sur les objectifs du projet de restauration des cours d’eau et l’évaluation des progrès accomplis dans la direction des objectifs du projet.
La question de recherche centrale au projet recèle une dimension empirique (scientifique) et une autre philosophique. “Confluence autochtone: Le rôle des savoirs autochtones en matière de restauration des cours d’eau et d’avenir durable” est une tentative visant à concilier ces deux dimensions afin de fournir une image plus claire de la nature fondamentale des systèmes de savoirs et des valeurs autochtones. Le projet de recherche cherche à comprendre comment les savoirs et les valeurs autochtones sont mis en action, mobilisés comme des verbes plutôt que des noms au sein de projets interculturels de gérance écologique. Si les savoirs autochtones tendent vers les relations (en elles-mêmes) plutôt que de chercher à comprendre ces relations (comme dans la discipline scientifique de l’écologie), alors comment devons-nous comprendre les savoirs autochtones? Plus important encore, comment les savoirs autochtones peuvent-ils être mis en action au-delà des terres autochtones? Apporter une certaine clarté à cette question aidera les peuples autochtones et leurs partenaires à jeter des ponts au-dessus de leurs différences culturelles et philosophiques et, espérons-le, permettra de découvrir de meilleures approches pour lutter contre la dégradation de l’environnement.
Ce projet se fonde sur des méthodes visuelles. Dale Turner explique que son rôle dans le projet de restauration de la rivière a été d’observer, d’écouter et de réfléchir sur la compréhension des savoirs autochtones dont fait preuve la communauté, tout cela afin de comprendre comment ces savoirs sont utilisés à la fois dans la communauté et au sein des dialogues juridiques, politiques et scientifiques en cours avec les étrangers . La tâche de ce projet est d’explorer la nature de la relation entre la langue, la terre et les philosophies traditionnelles des Anishinaabe et des Maori. Turner explore la photographie en tant que moyen de divulguer les façons de penser des autochtones, et du coup les savoirs autochtones, tels qu’ils sont compris et pratiqués sur les terres autochtones. La photographie est un moyen de montrer ce qui ne peut être dit; pour les peuples autochtones, les relations à la terre ne peuvent pas être expliqués par écrit seulement (contrairement à ce qu’exigent les tribunaux de common law). Pour les peuples autochtones, raconter demeure une activité philosophique, et la photographie peut être elle aussi une puissante forme de narration.
Direction du projet: Dale Turner
Thèmes de recherche associés: Projets de vie; Conservation et aires protégées; Méthodes visuelles