Cris de Bigstone

La Nation Crie de Bigstone est la deuxième plus grande Première Nation en Alberta. Leur territoire dans les forêts boréales subarctiques du nord de l’Alberta repose sur les gisements de sables bitumineux d’Athabasca, et c’est une région qui connaît des niveaux extrêmes d’activités extractives. La Nation Crie de Bigstone est signataire du Traité 8, signé en 1899. Ce traité promet que les Premières Nations du territoire du Traité 8 ont le droit d’utiliser les terres publiques de la Couronne pour des usages et activités traditionnels ; cette promesse est protégée en vertu de l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982. Pour cette raison, les gouvernements fédéral et provincial ont l’obligation de consulter la Nation Crie de Bigstone, ainsi que d’autres Premières Nations du Traité 8, concernant les impacts des projets proposés sur les terres publiques.

Territoire traditionnel de la Nation Crie de Bigstone
Territoire traditionnel de la Nation Crie de Bigstone. Source : Treena Gladue et Janelle Baker, Présentation au colloque du CICADA 2015.

Les directives fédérales et provinciales sont telles que l’obligation de consulter est transférée à des entreprises tierces qui proposent des projets sur des terres publiques. Ces entreprises paient souvent les Premières Nations pour faire leurs propres évaluations des impacts potentiels des projets d’extraction de ressources sur leurs territoires. Treena Gladue, partenaire du CICADA, est la coordonnatrice des études sur l’utilisation traditionnelle des terres de la Nation Crie de Bigstone. Dans leurs études sur l’utilisation des terres, la Nation Crie de Bigstone parle avec des détenteurs de connaissances, des Aînés, des trappeurs et d’autres membres de la communauté, dans le but de préserver et de protéger autant que possible leur territoire. Cependant, lors du colloque du CICADA de 2015, Janelle Baker, chercheuse doctorante en anthropologie à l’Université McGill et étudiante du CICADA, a expliqué que les évaluations de l’utilisation traditionnelle des terres présentent un double piège pour les Premières Nations. D’une part, si elles décident de s’engager dans le processus de consultation et de produire un rapport, l’entreprise d’extraction de ressources sélectionne certaines sections du rapport auxquelles elle répond, tout en ignorant en fait la majorité du rapport. Ce processus est alors considéré comme suffisant pour aller de l’avant avec le projet. Comme l’explique Treena, « Nous ne faisons qu’enregistrer ce que les entreprises vont détruire. » D’autre part, si une Première Nation décide de ne pas participer à ce processus de consultation, l’entreprise est autorisée à aller de l’avant avec le projet tant qu’elle peut prouver qu’elle a tenté de consulter.

Aîné récoltant des noisettes
Un aîné de la Nation Crie de Bigstone récoltant des noisettes à long bec.
« La Nation Crie de Bigstone est engagée dans la poursuite de la plus haute qualité de vie pour tous ses membres. »

—Énoncé de vision de la Nation Crie de Bigstone

Moniteur environnemental
Moniteur environnemental de la Nation Crie de Bigstone. Source : Treena Gladue et Janelle Baker, Présentation au colloque du CICADA 2015.

Parce que les politiques de consultation de la Couronne n’ont pas réussi à protéger le mode de vie traditionnel de la Nation Crie de Bigstone ou à honorer leurs droits protégés constitutionnellement, la Nation a adopté sa propre politique de consultation : « Nous, la Nation Crie de Bigstone, avons le droit et la responsabilité d’aborder les questions concernant l’exploitation des ressources naturelles dans nos terres traditionnelles et affirmons que toute activité sur le territoire de la Nation Crie de Bigstone nécessite une consultation en ce qui concerne les impacts sur nos droits issus de traités et nos droits inhérents tels que confirmés à l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982. » La Nation Crie de Bigstone croit qu’à moins qu’elle ne prenne des mesures de sa propre initiative, son mode de vie deviendra impossible.

La Nation Crie de Bigstone emploie un certain nombre de stratégies en plus des évaluations de l’utilisation des terres pour faire face aux impacts du pétrole sur leur territoire :

Tournées et manifestations Kituskeenow

La Nation Crie de Bigstone continue d’organiser des rassemblements au cours desquels ils arrêtent la circulation ou assistent à des événements. Le but de ces manifestations est d’informer les travailleurs de l’industrie qu’ils se trouvent sur le territoire traditionnel de la Nation Crie de Bigstone. Ils parcourent également régulièrement les sites de projets pour observer ce qui se passe dans ces zones.

Guérisseur récoltant du thé
Guérisseur de la Nation Crie de Bigstone récoltant le thé du Labrador/muskeg et la gaulthérie couchée.

Indicateurs de contamination de la nourriture sauvage de la Nation Crie de Bigstone

Melvin Beaver, directeur du Bureau des relations gouvernementales et industrielles des Cris de Bigstone, et Janelle Baker sont des partenaires de recherche à travers le CICADA étudiant les préoccupations de la Nation Crie de Bigstone concernant la contamination de la nourriture sauvage par les activités industrielles, notamment le pétrole et le gaz. La recherche de Baker se concentre sur le savoir, les indicateurs et les préoccupations des Cris concernant la contamination de la nourriture sauvage.

Aîné récoltant une racine de lotus
Un aîné de la Nation Crie de Bigstone récoltant la racine de lotus.

Pendant ce temps, Beaver, Baker et le toxicologue Dr Nil Basu du Centre d’études sur la nutrition et l’environnement des peuples autochtones de l’Université McGill ont formé une équipe et ont reçu une subvention du Programme de lutte contre les contaminants de l’environnement chez les Premières Nations pour tester les aliments que les membres de la Nation Crie de Bigstone et les moniteurs environnementaux collectent. L’équipe de recherche collecte actuellement des échantillons et travaille avec les détenteurs de connaissances pour compléter cette recherche. La Nation Crie de Bigstone est également impliquée dans le Programme de formation pour le développement des ressources humaines autochtones en environnement (BEAHR) d’Éco Canada, qui est un programme qui intègre les pratiques culturelles et les connaissances autochtones dans les compétences techniques environnementales.

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