Les Waikato-Tainui constituent le quatrième plus grand Iwi (tribu) maori de Nouvelle-Zélande. Ils comptent 64 500 membres dans 68 marae (communautés), affiliés à 33 hapuu (sous-tribus). Les Maori ont une structure de gouvernance en deux parties. Le premier niveau est un Parlement tribal, qui comprend trois membres (à savoir un jeune, un adulte et un aîné) de chacune des 68 communautés ; le Parlement tribal est composé de plus de 200 personnes. Le deuxième niveau est le Conseil exécutif, qui prend les décisions quotidiennes pour les tribus. Les membres du Conseil exécutif sont élus parmi le Parlement tribal. Outre ces deux niveaux de gouvernance, les Maori ont divers conseils plus petits qui traitent des questions commerciales, environnementales et sociales, entre autres.
Histoire (depuis le colonialisme)
Carte des confiscations de terres maories, 1863. Source : Claudia Orange, An Illustrated History of the Treaty of Waitangi, Wellington, 2004.
La Nouvelle-Zélande a signé un traité majeur avec les Maori, appelé le Traité de Waitangi (1840) ; celui-ci a établi les fondements de la relation entre la Nouvelle-Zélande et les Maori. Après la signature de ce traité, le gouvernement de la Nouvelle-Zélande s’est engagé dans des transactions foncières avec les colons. En 1858, les tribus maories ont lancé le mouvement Kiingitanga (Roi maori) pour protester contre l’aliénation de leurs terres par les colons. Ce fut le catalyseur d’une série de guerres qui se sont poursuivies dans les années 1860. En 1863, cela a abouti à ce que les Maori appellent Raupatu. Essentiellement, comme l’a noté Huriwai Paki lors du colloque du CICADA de 2015, la Couronne a franchi les frontières tribales et confisqué 1,2 million d’acres de terres maories. Une grande partie des terres Waikato-Tainui ont été perdues à cette époque.
Depuis 1884, lorsque le roi maori Kiingi Taawhiao a tenté d’obtenir une audience auprès de la reine Victoria lors de sa délégation en Angleterre, les Maori ont été impliqués dans un long processus de demande de réparation auprès du gouvernement pour la perte de leurs terres. En 1927, la Commission royale a publié le Rapport Sim, qui a conclu que la confiscation des terres par le gouvernement était excessive. Ainsi, le gouvernement de la Nouvelle-Zélande a adopté la Loi de 1946 sur le règlement des revendications maories Waikato-Maniapoto, qui a compensé les Maori à la fois en argent et en terres pour le territoire qui leur avait été confisqué 83 ans auparavant. Certaines de leurs terres ont été restituées aux Maori en 1995.
Rivière Waikato
Rivière Waikato. Source : Huriwai Paki et Ashleigh Turner, Présentation au colloque du CICADA 2015.
« [L]a rivière Waikato est un tupuna (ancêtre) qui a du mana (prestige) et qui à son tour représente le mana et le mauri (force vitale) de la tribu. La Rivière a son propre mauri, sa propre énergie spirituelle et sa propre identité puissante. C’est un être unique et indivisible. »
—Loi de 2010 sur le règlement des revendications Waikato-Tainui Raupatu (Rivière Waikato)
Rivière Waikato. Source : Huriwai Paki et Ashleigh Turner, Présentation au colloque du CICADA 2015.
La rivière Waikato est la plus longue rivière de Nouvelle-Zélande, s’étendant sur 425 kilomètres. Les Waikato-Tainui sont l’une des quelques tribus qui vivent le long de la Rivière. Les Waikato-Tainui ont un lien très profond avec la Rivière, qu’ils considèrent comme un ancêtre avec sa propre force vitale. Historiquement, les ancêtres Waikato-Tainui utilisaient cette Rivière pour le commerce, pour les activités récréatives et pour l’approvisionnement alimentaire. Beaucoup de ces mêmes activités se produisent actuellement, ainsi que d’autres activités, faisant de cette Rivière une voie navigable très utilisée. Elle possède huit barrages pour la production d’énergie et est utilisée pour le rejet des déchets. Ses lacs connaissent également une dégradation.
Carte de la rivière Waikato. Source : Huriwai Paki et Ashleigh Turner, Présentation au colloque du CICADA 2015.
En 2010, dans le cadre du processus de réparation, la Loi de 2010 sur le règlement des revendications Waikato-Tainui Raupatu (Rivière Waikato) a été adoptée. Comme l’ont expliqué Huriwai Paki et Ashleigh Turner (Waikato-Tainui) lors du colloque du CICADA de 2015, l’objectif primordial du règlement était de « restaurer et protéger la santé et le bien-être de la rivière pour les générations futures ».
Deux principes fondamentaux ont émergé du règlement. Premièrement, le règlement reconnaît la Rivière comme l’ancêtre des Waikato-Tainui (Mana o te awa: Tuupuna awa). Le règlement stipule : « Pour les Waikato-Tainui, la rivière Waikato est un tupuna (ancêtre) qui a du mana (prestige) et qui à son tour représente le mana et le mauri (force vitale) de la tribu. La Rivière a son propre mauri, sa propre énergie spirituelle et sa propre identité puissante. C’est un être unique et indivisible. » Cette reconnaissance de la personnalité de la Rivière, cependant, ne lui accorde pas le statut de personne juridique, et donc la Rivière n’est pas légalement protégée en tant que telle. La rivière Whanganui, en revanche, a reçu le statut de personnalité juridique en 2012 en Nouvelle-Zélande. Deuxièmement, le règlement reconnaît les Waikato-Tainui comme les gardiens de la Rivière (Mana whakahaere). Trois mécanismes principaux ont également émergé du règlement : 11 accords ministériels et quatre accords de cogestion avec le Conseil ; l’Autorité de la rivière Waikato ; et le Waikato Raupatu River Trust.
Activités traditionnelles sur la rivière Waikato. Source : Huriwai Paki et Ashleigh Turner, Présentation au colloque du CICADA 2015.
L’Autorité de la rivière Waikato est responsable de la mise en œuvre de la Vision et Stratégie pour la Rivière. Elle administre des fonds afin de restaurer toute la longueur de la Rivière. Le Waikato Raupatu River Trust, l’organisme pour lequel les partenaires autochtones du CICADA Huriwai Paki et Ashleigh Turner travaillent tous deux, est responsable de la restauration de la section de la Rivière appartenant à la tribu Waikato-Tainui.
Après cinq ans de mise en œuvre du règlement, le Waikato Raupatu River Trust a accompli beaucoup. Ils poursuivent des projets de restauration continus, tels que l’éradication de la carpe koï dans leur Rivière, qui constitue sa biomasse dominante et qui est considérée comme un nuisible envahissant. De plus, ils sont engagés avec les jeunes Waikato-Tainui pour leur enseigner l’importance de leur section de la Rivière. Enfin, ils sont actuellement impliqués dans deux investissements qui visent à réaliser leurs aspirations environnementales et qui recherchent une forme de retour économique.
Membres partenaires du projet Indigenous Confluence : le rôle des connaissances autochtones dans la restauration des rivières et les avenirs durables. Source : Huriwai Paki et Ashleigh Turner, Présentation au colloque du CICADA 2015.
L’un des principaux défis du Waikato Raupatu River Trust est que leur fonds de cogestion s’épuise en 2040. Ainsi, ils recherchent des moyens innovants de continuer à recevoir des ressources financières afin de pouvoir financer d’autres projets après ce point. Ils sont impliqués dans le projet Indigenous Confluence : le rôle des connaissances autochtones dans la restauration des rivières et les avenirs durables afin de s’engager dans la production et le partage de connaissances avec d’autres communautés autochtones. Ce partenariat a été inspiré par la reine maorie Te Arikinui Te Atairangikaahu, qui a dit :
« Tirez de la force de nos partenariats. »
—Te Arikinui Te Atairangikaahu, Reine maorie
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