Définie ainsi, la recherche sur les projets de vie nécessite en premier lieu de comprendre quels sont les collectifs spécifiques qui sont concernés dans certaines confrontations avec le développement.
- Quels sont les configurations de ces collectifs? Quelles entités les composent?
- Comment les relations, les responsabilités et les affects (en bref, la relationalité) qui relie ensemble ces entités opèrent-ils?
- Comment donner voix aux non-humains? Les méthodes propres à la recherche relationnelle devraient aider à mettre en évidence le décentrement de la voix et de l’autorité humaine. Certains suggèrent une méthodologie basée sur les éthiques relationnelles de soins (Bawaka country et al., 2014).
Une fois ces collectifs particuliers bien compris, nous pouvons alors poser la question suivante :
- Quelles pratiques sont considérées comme fondamentales au soutient et à la promotion du « projet de vie » de ce lieu/collectif?
- Y a-t-ils des consensus relatifs à propos de certaines pratiques qui seraient définitivement requises?
D’un point de vue méthodologique, nous devons être capable de cerner certaines de ces pratiques pour les suivre et voir où, comment et en quoi résultent leurs rencontres avec d’autres pratiques (comme celles du développement, de la conservation faite par l’État, etc.). Nous ne savons pas nécessairement ce qui peut émaner de ces rencontres. Dans certains cas, les pratiques centrales à des projets de vie particuliers peuvent être interrompues par le développement, dans d’autres cas elles pourront fonctionner en parallèle sans interférence, alors que dans d’autres cas elles peuvent s’alimenter mutuellement. Dans tous ces cas, la notion « d’enchevêtrement » (ou de mondes « enchevêtrés ») peut nécessiter d’interroger dans les dimensions dialectiques et dialogiques des rencontres et de la co-existence entre les mondes autochtones et non-autochtones, ainsi que leurs ontologies, acteurs et les pratiques de ces derniers. Quoi que ce soit qui se retrouve enchevêtré dans un collectif/lieu donné ne peut en être aisément libéré. Chaque trame/entité/agent/monde engagé dans l’enchevêtrement conserve sa différence, sa perspective, son autonomie relative, et sa potentialité, alors que les interactions temporelles et spatiales avec les autres composantes (humaines et non-humaines) provoquent des transformations à chacune d’elles; il s’agit d’un processus incarné qui s’effectue en continuité. Le concept d’enchevêtrement ne suggère également aucune cohérence ni ordre, ni aucune direction donnée, catégories fixes ou frontières, laissant plutôt place aux principes d’incertitude et d’imprévisibilité.
Dans la poursuite de cette recherche, les chercheurs associés avec cet axe de recherche sont préoccupés par deux questions fondamentales.
- En premier lieu : Comment pouvons-nous faire une enquête systématique afin de révéler à quels niveaux les arrangements actuels des territoires visés (incluant les cadres légaux, les différentes usages des éléments du territoire, etc.) améliorent et/ou interrompent les projets de vie particuliers? La question qui suit nécessairement est celle-ci :
- Comment allons-nous positionner nos différentes recherches vis-à-vis les différents (et possiblement conflictuels) agendas qui existent dans les communautés?