Atikamekw
Sylvie Poirier, partenaire académique du CICADA, travaille avec les Atikamekw, explorant les notions de territorialité et de savoir. Elle tente de comprendre comment ces concepts affectent le processus de réclamations territoriales dans lequel les Atikamekw sont présentement engagés avec le gouvernement fédéral pour avoir des droits sur leur propre territoire, qui se nomme Nitaskinan/Kitaskino en Atikamekw.
« ‘Territorialités et savoirs’ nous servent ici de fils conducteurs; ils sont abordés en termes de continuité et de transformations, ainsi que d’adaptations constantes face aux conditions changeantes de la vie et de l’environnement et face aux contraintes grandissantes au sein du Nitaskinan/Kitaskino. »
-Présentation: les Atikamekw Nehirowisiwok : territorialités et savoirs
Sylvie Poirier a étudié, en particulier, le projet Atikamekw Kinokewin dont l’objectif est de faciliter la transmission intergénérationnelle du savoir Atikamekw.

« L’intention de travail des membres autochtones et non autochtones de l’équipe de recherche était d’explorer des avenues et des moyens de valorisation et de transmission des savoirs locaux qui soient adaptés au contexte actuel et sensibles aux attentes et aux aspirations des jeunes générations. » -Atikamekw Kinokewin, “la mémoire vivante”: bilan d’une recherche participative en milieu autochtone

– Traduit de The Atikamekw: Reflections on their changing world. Dans Native Peoples: The Canadian Experience.

“La citation suivante de César Néwashish, un Ancien des plus respectés décédé en 1994 à l’âge de 91 ans, est emblématique des revendications territoriales Atikamekw:
Witamowikok aka wiskat e ki otci pakitina-mokw kitaskino, nama wiskat ki otci atawanano, nama wiskat ki otci mecko-tonenano, name kaie wiskat ki otci pitoc irakonenano kitaskino. (Tell them we have never given up our territory, tell them we have never sold or traded it, tell them that we have never reached any other sort of agreement concerning our territory.)”
– Traduit de The Atikamekw: Reflections on their changing world. Dans Native Peoples: The Canadian Experience.

La recherche de Sylvie Poirier porte aussi sur les réalités de la nation Atikamekw et du peuple aborigène Kukatja vivant dans le désert occidental en Australie. Ses observations cherchent à identifier les façons par lesquelles les réalités et histoires de politique identitaire et de résistance culturelle de ces deux communautés se recoupent et contrastent:
« Dans le contexte néocolonial actuel, les Atikamekw sont déchirés entre deux formes de subjectivité (soit le moi relationnel et le moi individuel) et entre deux formes de socialité (la société basée sur les relations filiales et la société civile). Ces différentes formes de réalités et de socialités demandent différents types de responsabilités, d’obligations et de capacités d’agir. Leur incompatibilité ontologique devient ainsi une source de stress et d’insécurité. Depuis la fin des années 1980, et dans un effort d’adresser des pathologies sociales, les trois communautés Atikamekw sont engagées dans un mouvement de « guérison sociale » qui s’est répandu parmi les communautés autochtones au Canada. À travers ce mouvement de guérison, les Atikamekw ont aussi été impliqués dans la revitalisation et la réinterprétation de leurs pratiques rituelles, de leurs savoir et de leurs sensibilités (par exemple : la hutte de sudation, les tambours et la cérémonie du premier pas). Ils ont aussi revitalisé leurs réseaux de rencontres rituelles et d’échange avec des nations autochtones voisines, créant ainsi des réseaux de solidarité et de renforcement du pouvoir. »
– Traduit de Change, Resistance, Accommodation and Engagement in Indigenous Contexts.