Eeyouch (Cris de la Baie James)
«Eeyou Istchee » est le territoire traditionnel des Cris de la Baie James (les Eeyou). Le terme signifie « la terre des Eeeyou/Eeenou (le peuple) ». Les Cris vivent sur ces terres ancestrales depuis des milliers dâannĂ©es. Il y a plus de 18,000 Cris, dont 16,000 rĂ©sidant dans neuf communautĂ©s et une dixiĂšme communautĂ© qui est actuellement en voie dâĂȘtre Ă©tablie. Le territoire traditionnel Cri couvre 400,000 km2, et lâensemble du territoire est utilisĂ© par les Cris pour des activitĂ©s traditionnelles de chasse, de pĂȘche et de trappe. Eeyou Istchee compte plus de 300 territoires de piĂ©geage (territoires de chasse familiaux), des centaines de concessions miniĂšres, plusieurs projets miniers, et a subi des impacts majeurs suite aux dĂ©veloppements hydroĂ©lectriques depuis les annĂ©es 1970.
Hydroélectricité
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Dans les annĂ©es 1960, le gouvernement du QuĂ©bec a annoncĂ© trois projets hydroĂ©lectriques: le projet LaGrande, le projet Grande-Baleine, et le projet Nottaway-Broadback-Rupert (NBR). Les Cris n’ont pas Ă©tĂ© consultĂ©s adĂ©quatement sur ces projets. C’est pourquoi ils ont crĂ©Ă© le Grand Conseil des Cris dans les annĂ©es 1970. Le Grand Conseil des Cris est constituĂ© des chefs des neuf communautĂ©s cries. Les diffĂ©rends entre les Cris et le gouvernement du QuĂ©bec au dĂ©but des annĂ©es 1970 ont entraĂźnĂ© la signature de la Convention de la Baie-James et du Nord QuĂ©becois (CBJNQ) en 1975.
à la fin des années 1980, le Québec a proposé le projet hydroélectrique de la Grande-Baleine. Les communautés cries ont alors senti que le Québec ne respectait pas les ententes conclues dans le cadre de la CBJNQ, alors elles ont protesté et réussi à mettre le projet Grande-Baleine de cÎté pendant de nombreuses années. En 2002, les Cris et le Québec signent la Paix des Braves. Grùce à cet accord, les Cris ont influencé le Québec à ne pas donner suite au projet NBR dans toute son étendue; le projet NBR a été remplacé par le projet Eastmain-1-A-Sarcelle-Rupert, assurant ainsi moins de terres inondées.
Foresterie
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Christopher Beck, reprĂ©sentant du DĂ©partement de lâEnvironnement et des Travaux de Correction du Eeyou Protected Areas Committee (ComitĂ© Eeyou de Conservation), travaille en partenariat avec CICADA sur les problĂ©matiques forestiĂšres et les aires protĂ©gĂ©es dans Eeyou Istchee. Sur le territoire dâEeyou Istchee, il y a eu plus de 70 000 km2 de dĂ©veloppement forestier avec plus de 2 000 000 m2 de bois rĂ©coltĂ© annuellement. Pour permettre ce niveau Ă©levĂ© de production forestiĂšre, plus de 15 000 km de routes ont Ă©tĂ© construites dans cette rĂ©gion. Cinq communautĂ©s Cries (ou 125 terrains de chasse familiaux) sont affectĂ©s par lâexploitation forestiĂšre, alors que 16 000 non-Cris vivent dans un petit nombre de villes dont l’Ă©conomie et les industries sont axĂ©es sur les ressources de la rĂ©gion.
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En 2002, les Cris signaient « lâEntente concernant une nouvelle relation» avec le Gouvernement du QuĂ©bec, connu sous le nom de Paix des Braves. Le chapitre 3 de cet accord crĂ©ait un « rĂ©gime forestier adaptĂ© » avec des dispositions pour une meilleure harmonisation entre les activitĂ©s forestiĂšres et le mode de vie traditionnel des Cris. Le rĂ©gime forestier adaptĂ© prĂ©voit des standards de gestion particuliers incluant une coupe en mosaĂŻque et le maintien dâun couvert forestier minimum, et il dĂ©limite les zones dâintĂ©rĂȘts particuliers pour la faune afin de maintenir lâhabitat dâespĂšces clĂ©s telles que lâorignal, le castor, le caribou et de nombreux poissons.
LIRE: Paix des Braves – Chapter 3 Adapted Forestry Regime (Cree Quebec Forestry Board)
Aires protégées
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La dĂ©signation des terres qui sont protĂ©gĂ©es du dĂ©veloppement industriel a augmentĂ© depuis 2003 dans Eeyou Istchee. Certaines de ces zones ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es et proposĂ©es par les communautĂ©s Cries, alors que dâautres furent Ă©tablies par le Gouvernement du QuĂ©bec sans consultation ni participation adĂ©quate des Cris. Au niveau local, la Nation Crie a dĂ©veloppĂ© la StratĂ©gie de Conservation Crie. Lâobjectif principal de cette stratĂ©gie est de crĂ©er un rĂ©seau interconnectĂ© dâaires de conservation dans Eeyou Istchee pour sauvegarder le mode de vie Cri et de soutenir la biodiversitĂ©. Plus encore, lâobjectif est dâassurer une participation Crie complĂšte dans la gestion et la planification des aires de conservation. La conservation de la faune et la sĂ©curitĂ© alimentaire sont des Ă©lĂ©ments clĂ©s de la stratĂ©gie, et le meilleur du savoir Cri et des sciences de la conservation est utilisĂ© dans ce processus.

Les aires protĂ©gĂ©es de la rĂ©gion marine sont un groupe de sites de conservation Ă©tablis par les Cris dans la Baie James. Lâaire de conservation marine Tawich fut dĂ©veloppĂ©e Ă Wemindji et proposĂ©e au gouvernement fĂ©dĂ©ral en 2009. Peu de temps aprĂšs, les Cris votĂšrent en faveur de lâAccord sur les revendications territoriales concernant la rĂ©gion marine dâEeyou. La mise en Ćuvre de cet accord implique un plan dâamĂ©nagement des terres et la crĂ©ation dâaires protĂ©gĂ©es. La mise en place de structures dâimplantation et lâembauche dâemployĂ©s sont actuellement en cours.
Projets culturels et initiatives
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Katherine Scott travaille en partenariat avec la Nation Crie de Wemindji pour les assister dans la rĂ©alisation du MusĂ©e Culturel de Wemindji. Elle a aidĂ© avec la documentation de pratiques culturelles. De concert avec la communautĂ©, elle a assemblĂ© un livre dĂ©taillant le processus de fabrication local du Shaashtichishaan, un mets traditionnel cri. Katherine aide aussi au projet communautaire de documenter pour le musĂ©e les terrains familiaux de chasse ainsi que des pratiques traditionnelles culinaires et de fabrication des vĂȘtements.
Cartographie
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John Bishop travaille avec la nation crie de Wemindji avec le programme du gouvernement cri des noms traditionnels de lieux, qui a dĂ©butĂ© en 2013 dans le but d’Ă©tablir une commission sur le language cri et sa sauvegarde. Le projet se concentre plus spĂ©cifiquement sur les noms traditionnels des entitĂ©s gĂ©ographiques, telles que les communautĂ©s, les lignes de piĂ©geage ou les lacs. Comme le dit Bishop, le projet est principalement un effort proactif Ă©tant donnĂ© les taux Ă©levĂ©s de maĂźtrise de la langue crie Ă Wemindji. Le projet est visuellement concrĂ©tisĂ© Ă travers une base de donnĂ©es gĂ©ographiques de cartes qui indiquent non seulement les noms de lieux traditionnels, mais aussi des Ă©lĂ©ments d’information qui aident Ă expliquer l’histoire linguistique et culturelle de ces noms. Ainsi, la base de donnĂ©es traite plus d’un type d’information, incluant tout type de multimĂ©dia qui peut contribuer Ă la comprĂ©hension et maintien du nom. Le projet est Ă©galement une rĂ©action aux cartes inadĂ©quates de la rĂ©gion fournies par le gouvernement canadien, qui non seulement prĂ©sentent des noms avec une orthographe crie incorrecte, mais qui aussi souvent changent les noms traditionnels cris pour des noms en anglais ou en français. Lors de la rĂ©union de CICADA en 2016, Bishop a soulignĂ©:
Ainsi, le but du programme des noms de lieux est de produire des cartes spĂ©cialement conçues pour l’usage par des individus cris et pour le maintien de leur langue. Une partie de la raison pour laquelle les cartes sont de plus en plus utilisĂ©es dans les communautĂ©s cries est attribuable Ă la perte graduelle des connaissances traditionnelles. Sammy Blackned, de la nation crie de Wemindji, mentionne Ă la rĂ©union 2016 du CICADA:
C’est de cette maniĂšre que se dĂ©voile l’importance du programme des noms de lieux, grĂące auquel les connaissances transmises Ă l’origine par le biais d’un mode de vie traditionnel sont maintenant transmises et prĂ©servĂ©es grĂące Ă de nouveaux outils et technologies.
Recherche
Colin H. Scott, le directeur de CICADA et de INSTEAD, a travaillĂ© longuement avec les Eeyou. Il a Ă©tudiĂ© la cogestion autochtone et non-autochtone dans des projets de dĂ©veloppement, se penchant en particulier sur ce sujet dans le contexte de «La Paix des Braves», lâEntente concernant une nouvelle relation entre les Eeyou et le Gouvernement du QuĂ©bec.
RĂ©union des partenaires de Wemindji. Colin Scott, Directeur de CICADA er de INSTEAD. «Dans quelles circonstances et par quels moyens est-ce que les rĂ©gimes de âcogestionâ facilitent un vrai partage du pouvoir, au-delĂ de mettre les reprĂ©sentants autochtones dans un rĂŽle simplement consultatif vis-Ă -vis de lâĂ©tat? »
-Traduit de: Co-Management and the Politics of Aboriginal Consent to Resource Development: The Agreement Concerning a New Relationship between Le Gouvernement du Québec and the Crees of Québec (2002)

Monica Mulrennan, une partenaire acadĂ©mique du CICADA, a aussi travaillĂ© avec les Eeyou. Son travail explore les maniĂšres par lesquelles les Eeyou modifient le paysage afin de maintenir et dâamĂ©liorer des conditions dĂ©sirables pour la chasse face aux changements environnementaux.
« Alors que les modifications du paysage sont motivĂ©s par un dĂ©sir dâaccroĂźtre la productivitĂ© et la prĂ©visibilitĂ© des ressources, ils reflĂštent aussi un engagement intergĂ©nĂ©rationnel envers la maintenance de lieux de chasse en tant que connections importantes avec le passĂ© »
-Traduit de : Securing a Future: Cree Hunter’s Resistance and Flexibility to Environmental Changes, James Bay (2010).

La partenaire du CICADA Nicole Fenton, de concert avec Hugo Asselin et lâĂ©tudiante Ă la maĂźtrise Mhaly Bois-Charlebois, a menĂ© des recherches sur les compensations appropriĂ©es pour lâextraction des ressources, spĂ©cifiquement lâextraction de lâor, dans Eeyou Istchee. Dans sa recherche, elle s’est associĂ©e avec des membres de la communautĂ© Eeyou afin dâacquĂ©rir une meilleure comprĂ©hension de la perspective Crie sur les diffĂ©rents services Ă©cologiques.
Projets et programmes associés
DĂ©veloppement des aires protĂ©gĂ©es et gestion de lâenvironnement, Eeyou Istchee